La liste des personnes citées dans l’affaire dite de la décennie des deux mandats successifs de l’ex-président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, était longue.

Sur une liste de plus de 300 personnes visées par la commission d’enquête parlementaire, seules 12 iront jusqu’au procès. Pour ce faire, toute la machine judiciaire et sécuritaire a été instrumentalisée.

L’intervention du premier magistrat, le président Mohamed Cheikh ould Ghazouani, de son puissant ministre de l intérieur pour orienter ce dossier n’échappe plus à aucun Mauritanien…

Par conséquent, le Mouvement EMU attire l’attention sur les points suivants:

– le pool de défense de Ould Abdel Aziz n’a pas accès au dossier. Le procès s’ouvrira le 25 janvier prochain. Or, il comporte de 8000 à 10000 pièces. Un dossier aussi colossal ne saurait être préparé en un délai aussi court. C’est impossible. Les avocats ont été clairs à ce sujet.

Au micro de RFI, Maître Ciré Cledor Ly se plaint notamment de ne toujours pas avoir eu accès au dossier judiciaire.

« L’audience approche. Le greffier, lui, dit qu’il n’a pas reçu d’ordre pour nous remettre le dossier, alors que nous avons droit non seulement à une copie des pièces et des procès-verbaux mais encore, nous avons la faculté de réclamer l’intégralité du dossier et avoir les textes de procédure à nos frais. Nous avons donc écrit pour avoir l’intégralité, à nos frais et, jusqu’à ce jour, absolument rien. Il nous restera huit jours, lundi, et vous comprenez bien qu’avec 8 000 à 10 000 pièces, demander aux avocats de préparer la défense du président avec lui – parce qu’il faudrait qu’il voie ce dont on l’accuse et qu’il nous oriente sur les éléments qui permettent d’apporter la contre-vérité de ce qui est allégué dans toute chose – en fait, c’est impossible en huit jours. Si nous n’avons pas le dossier du tribunal, de la Cour criminelle, cela veut dire que nous, comme notre client, comparaîtrons sans être préparés et ce n’est pas un procès équitable ».

« Lors d’une conférence de presse, samedi 14 janvier, à Nouakchott, les avocats ont dénoncé “une cascade de violations de ses droits à tous les niveaux de la procédure”. »

(Voir: https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230115-mauritanie-les-avocats-de-l-ancien-pr%C3%A9sident-abdel-aziz-s-interrogent-sur-l-%C3%A9quit%C3%A9-de-son-proc%C3%A8s)

Il est à rappeler que le juge d’instruction avait blanchi un ancien ministre, Mokhtar Ould Djiay, et un ancien directeur général de la Société nationale industrielle et minière (SNIM – gouvernementale), Hassena Ould Ely, dans cette affaire, sans fournir de motifs.

(Voir: https://www.aa.com.tr/fr/monde/lancien-pr%C3%A9sident-mauritanien-renvoy%C3%A9-devant-le-tribunal-charg%C3%A9-de-juger-les-crimes-de-corruption/2603430)

S’ajoutent à cela le ciblage et la persécution de l’ex-président, indexé et jugé avant même le procès, ce qui ne laisse aucun doute sur l’issue d’un procès qui s’est tenu bien avant sa date et en dehors de la salle du Tribunal.

Autant de violations de la Constitution, de la loi, de la Charte internationale des droits de l’homme et des conventions internationales signés par la Mauritanie qu’il y a lieu de craindre le pire, d’autant que le tribalisme est exacerbé, sur fond de caravanes du Parti-État INSAF qui jalonnent le pays. Tandis que celles d’un parti opposant sont empêchées d’organiser des meetings et des missions de sensibilisation de la population, comme le garantit la Constitution.

Le ministre de l’intérieur et ses proches tirent toutes les ficelles dans une forme de gouvernance où les idéaux de justice, d’égalité, de respect des droits de l’homme et de séparation des pouvoirs, sont caducs, tant ils sont bafoués.

Les indicateurs sont au rouge, le marasme économique, la hausse vertigineuse des prix, le chômage endémique des jeunes et moins jeunes, de la masse laborieuse, tout cela contribue à exacerber une crise multisectorielle et multiforme qui fait craindre le pire, car la Mauritanie risque de s’embraser. Le passif humanitaire, loin d’être résolu, s’alourdit.

Donc, l’attitude irresponsable du pouvoir met en danger la sécurité du pays, menace la paix sociale, compromet la cohésion sociale et hypothèque l’avenir de la Mauritanie.

Face à cette situation, le Mouvement EMU (engagés pour une Mauritanie unie) alerte la communauté internationale et les Chancelleries. Il tient le régime en place pour responsable de ce drame qui se déroule au vu et au su de tous.

EMU ne ménagera aucun effort pour dénoncer cet état de fait et entend mener des actions percutantes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur pour faire la lumière sur la réalité du pays. Par conséquent, le Mouvement ENGAGÉS POUR UNE MAURITANIE UNIE appelle tous ses adhérents, à l’extérieur et à l’intérieur du pays à demeurer unis, à rester solidaires pour dénoncer l’injustice.

Coordination Générale EMU à l’étranger.

Le 17 janvier 2023