Nous sommes une fois de plus confrontés à une tragédie aux allures répétitives, où l’espoir fragile d’une jeunesse en quête de dignité se brise dans les profondeurs des océans. Cette fois-ci, c’est une embarcation de fortune, contenant plus de 77 personnes, qui s’est renversée au large des côtes espagnoles. Seulement 27 survivants ont été repêchés, et 6 corps sans vie ont été récupérés. Combien encore faudra-t-il en perdre avant que l’on réagisse?
Je déplore, avec une profonde tristesse, ce manque cruel d’espoir qui pousse la jeunesse africaine à risquer sa vie dans des conditions inhumaines. Nos jeunes ne sont pas des aventuriers, mais des victimes. Des victimes des politiques de détournement, du pillage des ressources, et surtout de l’indifférence qui règne face à leurs besoins spécifiques. Comment peut-on rester insensible à cette situation? Comment peut-on ignorer le cri silencieux de ces jeunes qui aspirent simplement à une vie décente, à un travail digne?
Il est évident que la Mauritanie, seule, ne peut contenir cet exode désespéré vers l’Europe.
Elle ne peut, à elle seule, jouer le rôle de gendarme pour des nations qui ne cessent de fermer leurs portes, tout en profitant des richesses africaines. Ce rôle, la Mauritanie le joue au prix de sa propre jeunesse, qui elle aussi souffre des mêmes maux : chômage, pauvreté, désespoir.
Nos jeunes se battent pour être entendus, mais leurs revendications demeurent lettre morte.
Mesdames et Messieurs, il est temps d’ouvrir les yeux et de changer radicalement de cap. Nous ne pouvons plus détourner le regard.
Il est impératif de créer des conditions favorables à l’épanouissement de notre jeunesse sur le sol africain.
Il est impératif d’investir dans des politiques d’emploi dignes, de rendre l’accès au travail une réalité pour tous, de donner à nos jeunes la possibilité de vivre, d’entreprendre, et de rêver ici, chez nous.
C’est le devoir de nos dirigeants, c’est une responsabilité que nous avons envers les générations futures.
Le temps des promesses est révolu.
Nous avons besoin d’actions concrètes, de solutions durables qui permettront à nos jeunes de vivre en paix, avec dignité, sans avoir à choisir entre la mer et la mort.
La jeunesse africaine mérite mieux.
Elle mérite une vie, et non une tombe. Agissons avant qu’il ne soit trop tard.
Khally Diallo
Député du Peuple