Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a rencontré lundi les dirigeants de l’opposition parlementaire pour une séance de travail prolongée d’environ quatre heures. Cette réunion, tenue au palais présidentiel, a permis d’aborder plusieurs sujets sensibles liés à la gouvernance du pays et à l’état des droits.

Parmi les principales préoccupations soulevées figurait la question migratoire. Le chef de l’État a défendu fermement la politique d’expulsion des migrants en situation irrégulière, soulignant que ces mesures concernent toutes les nationalités, sans exception, malgré les démarches de certains États pour obtenir des dérogations. Il a mis en avant le danger des traversées maritimes clandestines et assuré que les expulsions se faisaient dans des conditions dignes, avec des centres de détention conformes et des rapatriements organisés par bus climatisés.

Concernant la corruption, le président a mis en avant une série de réformes menées depuis le début de son mandat. Il a cité le renforcement de la Cour des comptes, le rattachement de l’Inspection générale d’État à la présidence, ainsi que l’adoption récente de lois créant une autorité nationale de lutte contre la corruption et instaurant une obligation de déclaration de patrimoine. Il a rejeté toute idée de tolérance envers les pratiques illicites.

Le dialogue politique a également occupé une place centrale dans les discussions. Le président a réfuté toute arrière-pensée ou objectif caché dans l’organisation de ce dialogue, affirmant qu’il n’a pas été lancé pour favoriser une initiative particulière. Selon lui, il s’agit d’un cadre d’échanges ouvert à toutes les sensibilités politiques et sociales, dont les conclusions seront pleinement appliquées par le gouvernement.

Sur la problématique des médicaments, Mohamed Ould Ghazouani a expliqué que plus d’une trentaine d’entreprises opéraient sur le marché à son arrivée au pouvoir, mais qu’aucune nouvelle autorisation n’avait été accordée depuis. Il a détaillé les mesures prises pour renforcer le contrôle du secteur, notamment la traçabilité des produits, leur enregistrement à l’arrivée, et l’exigence de conditions de transport spécifiques, comme l’utilisation de conteneurs réfrigérés.

Le président a également invité le ministre du Numérique, Ahmed Salem Bouhdeida, à exposer les efforts du gouvernement dans la lutte contre les contenus en ligne jugés contraires aux valeurs religieuses. Celui-ci a décrit les opérations de suppression de comptes diffusant des messages athées ou moralement répréhensibles, particulièrement sur les réseaux sociaux comme TikTok. Le président a insisté sur le fait que ces mesures visaient exclusivement les atteintes à la religion, et non les critiques politiques.

Enfin, Mohamed Ould Ghazouani a démenti l’existence de violations systématiques des droits humains ou de cas de torture dans les lieux de détention. Il a reconnu que des abus isolés peuvent survenir, mais a affirmé qu’ils donnent lieu à des sanctions. Il a souligné les avancées réalisées dans la protection des libertés individuelles et le respect des droits des détenus, y compris dans les cas de terrorisme, où le recours à l’isolement reste la seule mesure de pression appliquée.

Participaient à cette rencontre le chef de l’opposition Hamadi Ould Sidi Mokhtar (Tewassoul), Amadou Tijani Diop (FRUD), Abdel Salam Ould Horma (Sawab), et Soudé Ouan (AJD/MR). Ces échanges, marqués par une implication directe du chef de l’État, témoignent d’un effort de dialogue entre les institutions et les forces politiques représentées au Parlement.

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