Dans une déclaration remarquée, l’ancien sénateur Moustapha Sidatt a livré une analyse critique et sans détour de l’élite mauritanienne, qu’il a répartie en plusieurs catégories, illustrant selon lui les causes profondes de la crise morale et politique que traverse le pays.
Selon Sidatt, la majorité écrasante de cette élite est avant tout partisane et motivée par des intérêts personnels. « Elle se fiche complètement de l’État et de la nation », affirme-t-il. Pour illustrer son propos, l’ancien parlementaire a cité un proverbe maure évocateur : « L’âne dit : si moi je bois, le puits n’a qu’à s’effondrer ». Il déplore que cette frange de l’élite passe son temps à justifier, y compris par le mensonge, tous les actes du pouvoir en place, même les plus discutables.
La seconde catégorie, qu’il évalue à environ 60 % de l’élite mauritanienne, est composée de ceux qui « attendent et espèrent ». Ces derniers cherchent, selon lui, à attirer l’attention du chef de l’État dans l’espoir de bénéficier des largesses du pouvoir. « Ils vont parfois jusqu’à afficher un certain mécontentement, simplement parce que, dit-on, on ne sait jamais », ironise Sidatt. Tout comme la première, cette catégorie se soucie peu de l’intérêt du pays.
L’ancien sénateur distingue ensuite une minorité de nationalistes, qu’il décrit avec respect et une certaine nostalgie. « Ils aiment véritablement la Mauritanie, ils y croient. Ils sont honnêtes, propres, et ont peur pour leur pays », déclare-t-il. Mais cette minorité engagée serait, selon lui, marginalisée, méprisée, et souvent perçue comme utopiste par le reste de l’élite.
Enfin, Moustapha Sidatt évoque la dernière catégorie : celle des extrémistes, qu’il divise en deux groupes distincts. D’un côté, ceux qui croient sincèrement à leurs idées radicales. De l’autre, ceux qui utilisent ces idées comme un fonds de commerce. « Ils instrumentalisent l’extrémisme pour mobiliser les foules et tirer profit de la situation », accuse-t-il.
Au terme de son intervention, l’ancien sénateur a lancé un appel solennel aux « vrais patriotes » pour qu’ils s’unissent dans un combat contre la mauvaise gouvernance et la corruption, qu’il considère comme les maux les plus graves qui menacent aujourd’hui l’avenir de la Mauritanie