La commission mauritanienne chargée de l’observation du croissant lunaire est au cœur d’une vive polémique, suite à l’annonce controversée de la date de la fête de la Tabaski (Aïd al-Adha). En cause : un décalage entre la date officielle retenue et les multiples témoignages faisant état de l’apparition du croissant lunaire dans plusieurs régions du pays.

Réunie dans la soirée du mardi 27 mai 2025, la commission a annoncé aux environs de 22 heures que la fête du sacrifice serait célébrée le samedi 7 juin. Toutefois, dès les heures qui ont suivi cette déclaration, des activistes, des observateurs indépendants et de nombreux citoyens ont affirmé que le croissant lunaire avait bel et bien été aperçu ce même soir dans plusieurs localités. Selon eux, cela aurait dû conduire à fixer l’Aïd au vendredi 6 juin.

La décision officielle a donc été rapidement contestée sur les réseaux sociaux, où les critiques se sont multipliées. Plusieurs voix, issues du champ religieux et de la société civile, ont reproché à la commission d’avoir tranché trop hâtivement, sans attendre la consolidation des informations remontant du terrain.

Dans cette même lancée, des érudits reconnus ont exprimé des avis convergents. Cheikh Mohamed El Hassan Ould Deddew, figure religieuse éminente, a notamment confirmé dans une déclaration largement relayée que la lune avait été aperçue mardi soir. Il a souligné qu’en conséquence, la fête devait logiquement avoir lieu vendredi, car il n’est pas permis de jeûner le jour de l’Aïd. Il a également rappelé que le jeûne du jour d’Arafat – fortement recommandé dans la tradition islamique – ne peut coïncider avec celui de la fête.

Ce n’est pas la première fois que la commission lunaire se retrouve au centre d’une telle controverse. L’opinion publique s’interroge aujourd’hui sur sa capacité à revenir sur une décision, surtout lorsqu’elle dispose du temps nécessaire pour le faire après avoir reçu des confirmations solides de l’observation du croissant. Beaucoup estiment qu’une telle flexibilité aurait permis d’éviter la confusion actuelle.

Cette nouvelle polémique a relancé les appels à une réforme en profondeur de la commission, afin d’instaurer davantage de rigueur, de transparence et de prise en compte des témoignages locaux fiables.

En attendant, de nombreuses familles mauritaniennes se retrouvent face à un dilemme : suivre la date officielle décrétée par les autorités ou celle considérée comme religieusement plus fondée. Une situation inconfortable, révélatrice des défis persistants liés à la gestion du calendrier islamique dans le pays.

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