A Boghé, le quartier qui jouxte le fleuve, les robinets sont fermés par décision administrative et la population est menacée de soif. La pollution est telle que les eaux saumâtres du Sénégal ne sont plus buvables depuis des décennies. Les femmes, comme toujours en première ligne pour la survie, ont déclenché un mouvement de protestation contre cette fermeture insensée des vannes en pleine canicule, le thermomètre oscillant depuis des jours entre 40 et 45 dégré de chaleur. Cette mobilisation a fait réagir l’administration locale qui promet que tout sera remis en ordre d’ici jeudi prochain.
La catastrophe est le résultat d’ une mauvaise planification dans la distribution des eaux entre les quartiers desservis par la station de pompage et de collecte des eaux à partir justement de la partie assoiffée de la ville, Boghé Escale.
Cette situation remet sur le tapis, de manière caricaturale, la même question qui se pose dans tous les domaines et dans tous les secteurs de la vie nationale depuis 1960: comment fait -on pour mourrir de soif au bord de l’un des principaux fleuves d’Afrique, de faim à côté de la Côte la plus poissonneuse du monde ? Comment voir une population en état d’appauvrissement croissant, vivant dans un pays aux ressources naturelles si abondantes et variées sur tout le territoire national, à l’est, à l’ouest, au nord et au sud…?
C’est l’Etat, plus exactement sa bureaucratie stupide et corrompue’ qui est la cause de ce désastre. Cette bureaucratie s’est accaparée de notre souveraineté et avec elle, de notre dignité, de nos ressources et de nos richesses, pour elle même et pour des réseaux mafieux nationaux et étrangers dont elle est l’instrument civil et militaire.
Gourmo Lô, 20 avril 2024