L’Assemblée nationale a été le théâtre d’un moment inhabituel hier soir. En pleine séance plénière, un jeune député a pris la parole avec une audace rare, interpellant frontalement ses collègues :
« Qu’avons-nous fait pour mériter l’argent du peuple ? »

Une phrase qui a immédiatement électrisé l’hémicycle et bousculé les habitudes. Le parlementaire faisait allusion à la récente attribution de 5 millions d’ouguiyas à chaque député — une prime jugée indécente par de nombreux citoyens. Ce qui a d’autant plus marqué les esprits, c’est que le député en question n’est pas issu de l’opposition, mais bien de la majorité parlementaire, souvent peu encline à critiquer le système de l’intérieur.

Son intervention, brève mais incisive, a mis le doigt sur une réalité que beaucoup préfèrent taire : les députés mauritaniens jouissent déjà de nombreux avantages. Salaire mensuel élevé, indemnités diverses, prises en charge de frais, véhicules de fonction, per diem à l’étranger… la fonction est loin d’être précaire. À cela s’ajoute désormais cette prime de plusieurs millions, accordée sans justification claire, dans un contexte où la population fait face à des difficultés économiques croissantes.

La sortie du jeune élu a suscité une vive réaction du public. Sur les réseaux sociaux, dans la rue, dans les radios, les commentaires affluent : “Enfin un qui parle !”, entend-on souvent. Même s’il n’a pas refusé la somme, son discours a été perçu comme un acte de courage, un signal d’alarme dans un hémicycle souvent perçu comme déconnecté des réalités.

Côté parlement, les réactions ont été plus mesurées, voire embarrassées. Certains ont préféré ignorer l’intervention, d’autres l’ont qualifiée de posture « populiste ». Mais la question, elle, reste posée : comment justifier de tels avantages, alors que le peuple, lui, peine à vivre dignement ?

Ce coup d’éclat, inattendu et percutant, pourrait bien marquer un tournant dans le rapport entre les élus et les électeurs. Car dans un pays où la transparence et la redevabilité sont des revendications constantes, la voix de ce jeune député résonne comme un avertissement : la patience du peuple n’est pas infinie.

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