Lors d’un rassemblement tenu devant la présidence à Nouakchott, l’ancien commandant de l’armée nationale, Ould Waer, membre du mouvement des Cavaliers du changement — à l’origine de la tentative de coup d’État de juin 2003 — a pris la parole aux côtés d’anciens officiers venus réclamer ce qu’ils qualifient de leurs droits légitimes.

« Ce qu’on nous reproche, c’est tout simplement d’avoir osé dire non : non à la corruption, non à la gabegie qui gangrenait l’État, non à la situation désastreuse dans laquelle se trouvait le pays », a-t-il déclaré d’emblée.

Reconnaissant leur participation à la tentative de coup d’État contre le régime de Maaouiya Ould Taya, Ould Waer a rappelé :

« Nous avons échoué, nous avons été jugés. Certains ont été condamnés à mort, d’autres acquittés. C’est du passé, une page tournée. »

L’ancien officier s’interroge toutefois sur l’absence de réhabilitation des anciens putschistes et sur le fait qu’aucun d’entre eux n’ait été nommé à des fonctions civiles pour compenser les préjudices subis.

Il a comparé leur action à d’autres coups d’État réussis :

« Nous avons tenté un putsch et échoué. D’autres ont réussi, mais ont fait pire dans la gestion du pays. »

Répondant à ceux qui les accusent d’avoir versé le sang de Mauritaniens, Ould Waer affirme que la justice avait déjà tranché à l’époque, sous le régime même de Ould Taya.

Dans un ton plus provocateur, il a ajouté :

« Je demande à être rejugé pour la tentative de coup d’État contre Taya, mais cette fois, nous ne serons pas les seuls à comparaître. »

Ould Waer a également réagi aux propos du député Biram Dah Abeid, selon lesquels la tentative de coup d’État des officiers négro-africains de 1987 « n’existait que sur le papier ».

« C’est faux, le plan existait bel et bien », a-t-il affirmé.

L’ex-commandant a déploré la situation difficile des enfants des anciens officiers impliqués, affirmant qu’ils sont privés de leurs droits les plus élémentaires.

S’adressant enfin au président de la République, il a lancé un avertissement :

« S’il pense que la question du passif humanitaire s’éteindra avec celle de l’esclavage, il se trompe. Ce sont deux dossiers qui rapportent gros à ceux qui les brandissent. »

Ould Waer a rappelé que les auteurs du coup d’État du 16 mars avaient été exécutés sans que cela ne provoque autant de controverses que celles entourant les putschistes de 1987. Il a qualifié cette dernière tentative de coup d’État raciste, qui, selon lui, aurait pu entraîner la Mauritanie sur le chemin du Liberia.

Il a conclu en attribuant les difficultés que vivent encore les anciens officiers au président actuel, estimant qu’il est « le seul capable de [leur] rendre leurs droits ».

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