Dans une déclaration publique très attendue, Me Mohameden Ould Ichidou, avocat de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, a pris la parole ce jeudi pour livrer sa version des faits sur l’affaire de corruption qui vaut à son client d’être poursuivi par la justice mauritanienne. Il dénonce un dossier à caractère « politique, arbitraire et illégal », visant à « écarter définitivement l’ancien président de la scène publique ».
Prenant vigoureusement la défense de son client, Me Ould Ichidou a affirmé que Mohamed Ould Abdel Aziz jouit toujours de l’estime d’une large frange du peuple mauritanien, en raison de son bilan à la tête de l’État. Il a évoqué « des réalisations majeures, un parcours personnel sans tache et une décennie marquée par des avancées concrètes ». À ses yeux, les accusations de corruption portées contre lui ne reposent sur aucune preuve tangible.
L’avocat remet aussi en question la légitimité de la procédure judiciaire elle-même. Il conteste la légalité de la commission d’enquête parlementaire mise en place en 2020 pour examiner la gestion de l’ancien pouvoir. Selon lui, aucun article de la Constitution, notamment ceux compris entre les articles 45 et 77, ne donne compétence au Parlement pour enquêter sur une administration révolue. De plus, ajoute-t-il, le rapport de cette commission n’a jamais été soumis, ni discuté, ni validé par l’Assemblée nationale.
Dans cette affaire, estime-t-il, il ne s’agit pas d’un contentieux juridique mais bien d’une opération politique destinée à neutraliser un adversaire réfractaire à « un coup d’État institutionnel ». Il accuse une « cellule décisionnelle », qu’il ne nomme pas, d’avoir instrumentalisé le parquet pour exécuter cette stratégie, allant jusqu’à écarter volontairement le rapport parlementaire jugé trop faible juridiquement.
Me Ichidou a interpellé directement le président de la République, garant de la Constitution et président du Conseil supérieur de la magistrature. Il s’interroge : le chef de l’État ignore-t-il réellement la nature de ce dossier ? Et si tel est le cas, qui lui a caché ces éléments, et pourquoi ? Ou bien en a-t-il pleinement conscience, et choisit-il sciemment de fermer les yeux, malgré les conséquences sur la justice, l’État de droit et l’image du pays ?
L’avocat conclut en soulignant que toutes les parties prenantes au dossier – magistrats, avocats, responsables sécuritaires et administratifs – connaissent désormais la vérité sur cette affaire. Et il assure que le moment viendra où chacun devra rendre compte de ses actes.




