La vie politique nationale est animée cette semaine par trois dossiers majeurs : le rapport de la Cour des comptes, le plan d’urgence pour Nouakchott et le dialogue politique à venir. Trois sujets qui cristallisent les oppositions entre majorité et opposition, chacun avançant ses arguments dans un climat marqué par la défiance et les attentes citoyennes.
Le rapport annuel de la Cour des comptes a provoqué une onde de choc dans le paysage politique. L’opposition y voit une confirmation de ses alertes répétées sur la mauvaise gouvernance et la corruption. Elle exige des enquêtes approfondies, des sanctions, et appelle à faire toute la lumière sur la gestion des fonds publics. Pour certains responsables de partis, “ce rapport est une preuve irréfutable de l’impunité à laquelle se livre une partie de l’exécutif”.
La majorité, de son côté, relativise. Si elle reconnaît des dysfonctionnements, elle souligne que la publication même du rapport est un signe de transparence et de bon fonctionnement des institutions. Elle dénonce une tentative de récupération politique, accusant l’opposition d’exagérer les faits pour nuire à l’image du gouvernement. “C’est la première fois qu’un rapport de cette nature est publié avec autant de clarté. Cela prouve l’engagement du pouvoir en faveur de la bonne gouvernance”, affirme un élu proche du régime.
Le plan d’urgence pour le développement de Nouakchott, mis en œuvre depuis plus d’un an, a été remis sous les projecteurs après la visite de terrain du Premier ministre cette semaine. Pour le gouvernement, cette visite vient démontrer la réalité des réalisations. Routes, assainissement, éclairage public : les autorités présentent le programme comme un chantier transformateur. “Ce que nous faisons aujourd’hui à Nouakchott est inédit. C’est une réponse directe aux besoins urgents des citoyens, et non un simple effet d’annonce”, martèle un ministre impliqué dans le projet.
L’opposition, elle, reste sceptique. Elle accuse le pouvoir de transformer un programme de développement classique en opération de communication. “Si les résultats étaient réellement visibles, les citoyens n’auraient pas besoin de caméras pour les constater”, ironise un opposant. Elle pointe également le manque de transparence dans la gestion des marchés publics, et dénonce une répartition inégale des travaux selon les zones géographiques.
Enfin, le dialogue politique, qui n’a pas encore été officiellement lancé, alimente déjà les tensions. Le coordinateur du processus a remis son rapport au président, et le pays est dans l’attente de la suite. La majorité présente ce dialogue comme une initiative ouverte à toutes les forces vives du pays. Pour elle, il s’agit d’une main tendue, dans un esprit d’apaisement et de consolidation démocratique. “Le chef de l’État veut écouter tout le monde, sans exclusion. Le dialogue est une chance à saisir”, déclarent plusieurs cadres du pouvoir.
L’opposition, ou du moins une partie d’entre elle, conteste cette lecture. L’absence annoncée de l’opposant Birame Dah Abeid est perçue comme un signe de déséquilibre. Pour ses partisans, un dialogue sans participation des principales figures contestataires serait vidé de son sens. D’autres formations attendent de voir les termes précis de l’invitation avant de se prononcer. “Un vrai dialogue commence par la confiance. Et celle-ci manque cruellement”, déclare un responsable politique de l’opposition.
Ces débats illustrent les fractures persistantes entre majorité et opposition, mais aussi une certaine vitalité du débat démocratique. La confrontation des visions, lorsqu’elle reste dans un cadre institutionnel et pacifique, témoigne d’un pays en quête de réponses — mais aussi de clarté. Entre les annonces et la réalité, les discours et les actes, c’est désormais à la population de juger.




