Le Premier ministre, Mokhtar Ould Diay, a signé vendredi une circulaire interdisant tout recrutement ou contrat qui ne répond pas clairement à un besoin réel du service public. Ce texte, au ton ferme, vise à mettre fin à des pratiques longtemps dénoncées, souvent associées au clientélisme et à l’opacité.

La circulaire insiste sur le respect strict des textes en vigueur, la transparence et l’égalité des chances entre tous les citoyens. Désormais, tout recrutement devra reposer sur des critères objectifs, visant à sélectionner les profils les plus compétents, en réponse à des besoins clairement identifiés dans l’administration.

Au-delà de ces principes, la circulaire dénonce les « recrutements aléatoires » et les « contrats désordonnés » qui ont longtemps exclu des candidats qualifiés au profit de logiques de proximité ou d’interventions informelles.

Ces pratiques ont, selon le document, pesé lourdement sur le budget de l’État et perturbé l’équilibre de nombreuses institutions publiques. L’absence de critères clairs et le faible contrôle ont ainsi affaibli l’administration, au détriment de son efficacité et de sa crédibilité.

L’exécutif souhaite reprendre le contrôle de l’appareil administratif et réaffirmer la primauté des règles sur les pratiques clientélistes. Les organes de contrôle et d’inspection sont chargés de surveiller toute infraction aux nouvelles directives.

Cependant, le véritable défi réside dans l’application concrète de la mesure. La résistance de réseaux puissants, bien ancrés dans l’administration, pourrait freiner la mise en œuvre de cette réforme.

En interdisant les recrutements non justifiés, le Premier ministre envoie un signal clair : rompre avec l’improvisation pour restaurer compétence, mérite et équité. Si la réforme est appliquée, elle pourrait assainir la gestion des ressources humaines, renforcer la confiance dans l’État et améliorer la gouvernance. Mais pour cela, une volonté politique forte, un suivi rigoureux et une tolérance zéro face aux pratiques anciennes sont indispensables.

Reste la question cruciale : cette circulaire ne risque-t-elle pas de tomber dans l’oreille d’un sourd ? Car ceux qui imposent souvent ces recrutements illégitimes sont des personnalités influentes, installées au sommet de l’État ou parmi les grands électeurs essentiels au pouvoir. Dans un système où les équilibres politiques reposent sur des compromis informels, la capacité du gouvernement à faire respecter ses propres règles sera la véritable mesure de sa crédibilité.

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