Plusieurs facteurs font que les adeptes des affaires maliennes s’interrogent avec insistance si le conflit entre les civils et le conseil militaire au pouvoir est un différend local limité comme dans les temps précédents, ou s’il s’agit d’une lutte sérieuse qui touche les frontières du rejet, le cas échant des deux faits, a atteint la fracture.
Zoom Essahraa recherche une réponse à la question, partant des derniers développements et de la prospective de leur horizon, prenant en considération nécessairement les mobiles du conflit et les antécédents effectifs et attendus de ses deux parties.
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La goutte qui fait déborder le vase
Les déclarations du Premier ministre malien limogé Choguel Kokalla Maïga critiquant le prolongement et l’extension de la période de transition, au moment du débordement du vase, avaient commencé avec le début des manifestations organisées depuis plusieurs mois.
Le poids de l’influence des déclarations de Maïga provient de :
De leur émission par le détenteur de la responsabilité civile la plus élevée dans un système de gouvernance censé représenter un partenariat entre le pouvoir et l’armée, même s’il est clair que l’autorité est entre les mains des militaires et que les civils sont au meilleur des cas au « premier degré des gouvernés »
Sa diffusion par les médias gouvernementaux et dans une sortie officielle, ce qui signifie la réalisation de l’avantage de l’intention et de la prise de conscience de son auteur des suites, en d’autres termes et militairement parlant, ces propos ressemblent plus à une déclaration de guerre ou selon l’hypothèse basse, à une rébellion avec préméditation.
Comme il était prévu, le « Conseil militaire » n’a pas reporté l’interaction avec la « rébellion » de son Premier ministre civil, d’où la décision de sa révocation.
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Aux origines de la confrontation
L’analyse des données globales et disponibles sur la situation, fait clairement apparaitre trois facteurs qui sont à l’origine de l’affrontement:
L’exacerbation de la situation économique : les Maliens se plaignent de la détérioration de la situation économique et des conditions de vie difficiles, dues à de nombreux facteurs, notamment les conséquences de l’embargo et la situation de sécurité difficile que le pays connaît depuis de nombreuses années.
Le deuxième facteur porte sur le trébuchement du processus de parachèvement militaire : les échecs se sont enchainés après les « victoires » obtenues par l’armée avec le soutien des mercenaires de Wagner au début de l’année. Le plus récent de ces fiascos a concerné l’incapacité de contrôler la région de Tinzaouatène à la frontière algéro-mauritano-malienne et l’attaque qui l’avait précédée de l’Ecole de gendarmerie dans la capitale Bamako, au cours de laquelle, des centaines de combattants du groupe Macina avaient réussi à contrôler pendant des heures des zones sensibles de la capitale et de ses banlieues.
Quant au troisième facteur, il est relatif aux développements politiques dans la région, en particulier chez l’alter-ego voisin le Sénégal, qui a connu, au cours de l’année, deux consultations électorales, qui semblent avoir remué les aspirations maliennes pour des élections dont la tenue date depuis très longtemps
C’est donc un mélange, de ressentiment économique, sécuritaire et de « jalousie » de la démocratie chez le voisin, qui a poussé les élites maliennes à hausser la voie et à protester contre le prolongement de la période de transition.
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S’agit d’une descente de l’arbre ..?
Bien que la réponse directe à la protestation du Premier ministre civil ait été son licenciement et son remplacement par un haut gradé de l’armée à la tête du gouvernement, en l’occurrence le général Abdoulaye Maïga, le Président Assimi Goita a chargé le gouvernement de se préparer à des élections transparentes. Ce qui peut être interprété comme le début de la descente du sommet de l’arbre et une réponse aux demandes croissantes pour mettre fin à la phase de transition ainsi qu’à remettre le pouvoir aux civils.
Toutefois, certains estiment qu’il s’agit au contraire d’un simple recul tactique dans la bataille ouverte entre les deux parties.
Les auteurs de cette hypothèse s’attendent à ce que les derniers développements de Tinzaouatène avec ces deux importants titres, la constitution du Front de Libération d’Azawad et le ciblage d’un certain nombre de ses dirigeants à l’aide de drones, sont des faits utilisés par le Conseil militaire pour museler les voix appelant à des élections sous prétexte de l’argument traditionnel; il n’y a pas de voix au-dessus de celle de la bataille