Taqadoum – Dans un contexte mondial marqué par des tensions et des crises multidimensionnelles remettant en cause l’ordre mondial, les Emirats Arabes Unis (EAU) font figure de modèle grâce à une réussite économique et une percée diplomatique qui n’est pas sans attiser les convoitises de certaines grandes puissances.
Un hub mondial dans le domaine des biens et services
Avec un Produit National Brut par habitant significatif, les Emirats Arabes Unis figurent parmi les Etats les plus riches du monde. Ils atteignent le 14ème rang mondial, à égalité avec la France, mais devant la Suède, la Belgique ou les Pays-Bas.
Ce niveau les place parmi les pays économiquement puissants. Pays riche, les Émirats sont aussi un pays développé.
En effet, à Abou Dhabi comme à Dubaï, mais aussi dans les autres grandes villes du pays, prévaut une qualité de vie de haut niveau fort proche de celle de l’Europe.
Le marché régional potentiel accessible depuis les Emirats est considérable. Il s’étend de l’Afrique centrale (RDC, Ouganda…), orientale (Tanzanie, Somalie, Ethiopie, Kenya), et du Nord (Egypte, Tunisie, Algérie…) jusqu’à l’Asie Centrale (Azerbaïdjan, Ouzbekistan) à l’Asie du Sud et du Sud-Est (Inde, Pakistan, Hong-Kong, Singapour) sans oublier l’Iran, la Russie et l’Europe centrale. Soit au total, plus de 1,5 milliard d’habitants dont 600 à 700 millions de consommateurs solvables.
Jointe aux facilités (infrastructures, fiscalité…) offertes sur place, la dimension de ce marché potentiel explique le développement de l’activité commerciale des Emirats, et surtout de Dubaï, depuis 1973.
Au delà des réexportations, les Emirats s’efforcent de constituer un véritable socle industriel exportateur. En particulier, doivent être relevées :
– les exportations d’aluminium (25 % du total des exportations), assurées par la société Dubal qui dispose d’une capacité de production supérieure à 250 000 tonnes. Elles sont écoulées principalement en Asie : Japon, Corée du Sud, Taïwan ;
– les exportations textiles (15-20 % du total des exportations) dues aux centaines d’ateliers de confection implantés à Sharjah, Fujairah, Ajman et Djebel Ali ;
– les exportations agro-alimentaires (10 %) : eaux minérales et boissons, viandes préparées, quelques fruits ;
– les exportations d’équipements (8 %) notamment pour l’exploration pétrolière.
Les exportations non pétrolières sont dirigées vers :
– l’Asie (50 % en 1997),
– les pays arabes (25 %),
– l’Europe (16 %),
– les Amériques (6 %).
Vis à vis de l’Occident, les Emirats ont toujours mené une politique à la fois amicale et indépendante. Ils comptent en effet sur l’Occident pour garantir leur sécurité. C’est ainsi que des accords de défense ont été signés avec le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la France.
Des pas importants vers la transition énergétique
En matière d’offre énergétique, les Émirats arabes unis se trouvent en pôle position. C’est ainsi que dans le domaine crucial des énergies renouvelables, ils jouent un rôle clé dans l’élargissement du portefeuille du pays avec des investissements dans les énergies propres dans plus de 40 pays, dont plusieurs pays en développement en Afrique et en Asie et dans des États insulaires vulnérables.
Les Emirats arabes unis, ont récemment annoncé la feuille de route pour le leadership en matière d’hydrogène, un plan national complet visant à soutenir les industries nationales à faible émission de carbone, à contribuer à l’objectif de zéro émission nette du pays et à faire de ce dernier un exportateur d’hydrogène compétitif.
Les Emirats arabes unis ont également annoncé l’initiative stratégique « UAE Net Zero by 2050 », une initiative nationale visant à atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050, faisant des Emirats la première nation du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) à y parvenir. Conformément à cette initiative, aux objectifs de dé-carbonisation de l’OMI 2030 et aux objectifs de développement durable 2030, le ministère vise à améliorer la qualité de vie dans le pays.
En effet, les Émirats arabes unis diversifient leur propre mix énergétique.
– Ils sont les premiers à déployer l’énergie nucléaire pacifique.
-Ils ont établi trois des centrales solaires les plus grandes et les moins chères au monde et ont établi de nouveaux records pour l’énergie solaire et éolienne la plus compétitive aux coûts aux Émirats arabes unis et dans le monde.
– C’est le premier pays de la région à déployer une technologie de capture du carbone à l’échelle industrielle.
– C’est un pionnier et un moteur de l’énergie hydrogène.
– Le pays investit activement pour réduire l’impact carbone des hydrocarbures.
Un leadership international :
– À ce jour, les Émirats arabes unis ont investi 50 milliards de dollars dans les énergies renouvelables dans 70 pays et se sont engagés à investir plus de 50 milliards de dollars dans des projets d’énergie propre au pays et à l’étranger au cours de la prochaine décennie.
– Depuis 2009, les Émirats arabes unis accueillent le siège de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables.
– Les Émirats arabes unis et les États-Unis ont lancé en novembre 2022 le Partenariat pour accélérer la transition vers une énergie propre (PACE), un nouveau cadre d’énergie propre destiné à catalyser 100 milliards de dollars en financement, investissement et autres soutiens pour déployer 100 GW d’énergie propre d’ici 2035, en particulier dans les pays en développement.
En juillet 2022 le président émirati Mohammed ben Zayed a effectué en France sa première visite d’Etat depuis qu’il a officiellement pris les rênes du pays en mai. Les accords signés entre les deux pays visent à sécuriser l’approvisionnement énergétique de la France, à court et long terme.
La promotion de la condition féminine
L’autonomisation des femmes est devenue une réalité aux Emirats arabes unis (EAU) où la batterie de mesures prises ces dernières années a permis aux femmes d’obtenir plus de droits et une meilleure protection.
Ainsi, grâce à de tels progrès, les EAU figurent aujourd’hui à la tête de la région MENA en matière d’autonomisation des femmes, en particulier compte tenu des récentes législations qui ont offert aux femmes plus de droits et une meilleure protection.
En effet, entre 2019 et 2020, les Émirats arabes unis ont approuvé quelque 11 nouvelles lois et amendements législatifs pour renforcer les droits des femmes et garantir leur autonomisation globale.
En termes de participation politique, une résolution publiée en 2019 a permis de porter la représentation des femmes au Conseil national fédéral (CNF) à 50% lors des élections qui s’étaient déroulées la même année.
Les Émirats arabes unis ont publié le décret-loi fédéral n 6 de 2020, modifiant certaines dispositions de la loi fédérale n 8 de 1980 concernant la réglementation des relations de travail accordant aux employées du secteur privé un congé payé supplémentaire de 5 jours par rapport au congé de maternité de 45 jours déjà.
Les EAU sont devenus le premier pays arabe à accorder un congé parental aux employés du secteur privé.
Les Émirats arabes unis ont également publié le décret de la loi fédérale numéro 6 pour 2020, stipulant l’égalité de salaire pour les femmes et les hommes dans le secteur privé, s’ils effectuent le même travail, ou un autre de valeur égale.
En plus de tout cela, des décrets-lois fédéraux visant à modifier le Code pénal ont été promulgués. Sur la base du ferme engagement des EAU à protéger les droits des femmes, les amendements au Code pénal et à la loi de procédure pénale ont abrogé l’article prévoyant des peines réduites (clémentes) dans ce que l’on appelle les «crimes d’honneur».
Un fournisseur majeur de l’aide au développement
Les Emirats Arabes Unis considérés aujourd’hui comme un pas développé à part entière réinvestit une partie des fruits de sa croissance dans l’aide au développement au profit des populations vulnérables dans les pays du Tiers Monde.
Les apports en matière de coopération bilatérale bénéficient à des pas comme l’Égypte, le Yémen, la Jordanie, l’Iraq, le Maroc, le Soudan, le Pakistan… Les principaux secteurs ciblés par les engagements bilatéraux ont été l’aide-programme, l’infrastructure économique (énergie et transport) et l’aide humanitaire. Le programme bilatéral des EAU est en majeure partie constitué de dons.
L’État des EAU est devenu depuis 2014 u participant dans le Comité d’Aide au Développement (CAD). En tant que fournisseur majeur de financements concessionnels pour le développement, les Émirats arabes unis ont beaucoup à apporter aux discussions du CAD sur les questions clés du développement. L’intégration de l’expérience des EAU a permis d’améliorer la qualité du travail du CAD et renforcer son influence dans l’élaboration du débat sur le développement international, y compris sur le programme de développement de l’après-2015.
Le CAD, comme le principal forum international pour les apporteurs de coopération pour le développement, a également beaucoup à offrir aux Émirats arabes unis. Plus particulièrement, en tant que Participant, les EAU ont plus de possibilités d’apprendre de l’expérience des autres pays dans la gestion d’un programme de coopération au développement.
Les EAU très présents dans l’action humanitaire
Les Émirats arabes unis sont un partenaire régional et mondial important qui porte des initiatives vigoureuses visant à promouvoir la paix et la stabilité, à répondre aux crises émergentes et à soutenir des opérations humanitaires capitales dans le monde entier. C’est l’avis des Nations Unies qui apprécient à sa juste valeur cet engagement au service de l’humanité.
Les Émirats arabes unis accueillent près de 30 organisations des Nations unies qui travaillent côte à côte dans le cadre de partenariats solides avec le gouvernement local.
Tous les bureaux auxiliaires des Nations unies aux Émirats arabes unis s’efforcent de renforcer les partenariats avec les pays du CCG afin de bénéficier de leurs efforts au niveau mondial, en particulier dans le domaine de l’aide humanitaire et du développement dans de nombreuses régions du monde.
Des accords entre le gouvernement et des institutions comme le HCR visent à mieux encadrer cette intervention.
Par ailleurs, la Fondation Khalifa Bin Zayed Al Nehayan, qui a été créée en 2007 et qui est basée à Abu Dhabi, a un statut juridique indépendant et elle a l’autorité pour mettre en œuvre des activités de charité, venir en aide aux nécessiteux et fournir une assistance dans le domaine pédagogique ainsi que pour l’aide sociale, la santé et la religion. La fondation dispose d’un mandat lui permettant d’opérer dans le monde entier.
Ainsi, les Émirats arabes unis accordent une grande importance aux aides humanitaires. Ils comptent parmi les pays les plus actifs dans le travail humanitaire, que ce soit dans les pays arabo-musulmans, ou dans le reste du monde.
Ils agissent pour aider les populations en situation de crise sociale, de guerre, quelles que soient leurs origines, religions, races ou cultures. Ce pays est devenu ainsi l’un des leaders quant aux aides humanitaires offertes.
Les Émirats arabes unis comptent plusieurs associations et organisations œuvrant pour la bonne gestion des actions humanitaires lancées par le pays. Parmi lesquelles, on peut citer l’association Zayed pour les œuvres humanitaires, l’association Khalifa Ben Zayed Al Nahyan pour les œuvres humanitaires, l’organisation humanitaire Al Maktoum, le fond Abu Dhabi pour développement… etc.
Les relations avec la France au beau fixe
Les Émirats arabes unis constituent un partenaire de choix pour la France. Initiées en 1975 par un accord de coopération culturelle et technique, les relations entre les deux pays ne cessent depuis de se développer avec une coopération élargie à de multiples domaines : défense, culture, éducation, énergies renouvelables, innovation, etc.
La coopération de défense entre la France et les Émirats est dense et diversifiée. Véritable partenariat stratégique, elle a été renforcée ces dernières années, dans un contexte régional mouvant, où les facteurs d’instabilité se multiplient. La France est le deuxième partenaire des Émirats arabes unis. Cette coopération comporte une forte dimension opérationnelle, grâce au dispositif prépositionné des forces françaises. L’accord de défense et l’installation en 2009 aux EAU d’une base militaire française sont emblématiques de cette stratégie.
Le SE (service économique d’Abu Dhabi) intervient sur la coopération économique bilatérale (représentation des intérêts économiques français auprès des administrations, des institutions et organismes locaux, dialogue avec les autorités sur les questions bilatérales et multilatérales commerciales et financières), la préparation, la coordination et l’organisation des visites officielles à caractère économique, le suivi des politiques publiques ou encore l’accompagnement et la structuration de l’offre française sur les grands projets. Le SE d’Abu Dhabi est à l’initiative de la création de 4 clusters français afin de structurer l’offre française sur deux projets emblématiques : l’aéroport international Al Maktoum à Dubaï (futur plus grand aéroport du monde) et l’Expo 2020 Dubaï. Ces clusters, qui réunissent une quinzaine d’entreprises chacun et sont regroupés sous le logo unique « French Efficiency », sont animés par le SE d’Abu Dhabi.
Depuis leur création, les Emirats s’efforcent de contribuer à la stabilité du Golfe. Proches de l’Occident, ils ne négligent cependant pas la solidarité arabe. Avec leurs voisins auxquels des différends frontaliers les ont parfois opposés, ils mènent une politique de réconciliation et de normalisation.
L’exposition Universelle Dubai 2020 a offert aux Émirats arabes unis, et particulièrement à Dubaï, un rayonnement international, elle s’inscrit surtout dans la stratégie de diversification économique du pays, impulsée depuis les années 1980 Ce rendez-vous offre à la ville une stature toute particulière. Il s’accorde avec les défis mondiaux contemporains, et se veut être un laboratoire pour les projets futurs.
En attirant de nombreux touristes, mais surtout en permettant l’installation d’entreprises innovantes sur le long terme, le pays espère contrecarrer le piège de la rente pétrolière.
Sidi Mohamed Lemir