Sahara Médias – Le général à la retraite, Ahmed O. Sidi Bekrine, ancien directeur de la sureté nationale a déclaré avoir reçu une communication téléphonique de l’ancien président Mohamed O. Abdel Aziz lui ordonnant de faciliter une coupe d’une partie du terrain de l’école de police, au centre de Nouakchott.
Ould Bekrine témoignait ce lundi devant le tribunal correctionnel spécialisé dans les crimes économiques devant lequel comparaît ould Abdel Aziz et certains de ses proches collaborateurs dans le cadre du dossier de la décennie.
Lors de son témoignage, en réponse aux questions du tribunal, le général à la retraite a dit que pendant qu’il était directeur général de la sureté, il avait reçu un appel téléphonique de l’ancien président de la république, lui annonçant l’arrivée d’une personne du ministère de l’habitat et lui a demandé de lui faciliter la mission dont il est chargé, c’est-à-dire procéder à une coupe dans l’espace de l’école de police.
Ould Bekrine a ajouté que le même jour une personne s’est présentée à lui comme venant du ministère de l’habitat, accompagnée de deux privés pour demander ensuite au directeur de l’école de police de faciliter la mission de ces personnes, conformément aux instructions d’Ould Abdel Aziz.
Le responsable du ministère de l’habitat a immédiatement déterminé la surface concernée et le général Bekrine a ajouté qu’il avait exigé de celui-ci la construction d’un mur séparant l’école de police de l’espace objet de la coupe.
Le juge l’a alors interrogé sur son appréciation personnelle de l’affaire, en sa qualité de directeur général de la Sûreté nationale, une question qui a suscité la polémique dans la salle au milieu des objections des avocats de la défense d’Ould Abdel Aziz à propos de la formulation de la question.
Le témoin a cependant répondu qu’il ne savait pas si ce qui se passe est contraire ou non à la loi.
Le parquet général a posé un certain nombre de questions au témoin et le procureur de la république lui a demandé si la direction générale de la sureté nationale avait reçu une lettre lui demandant la cession de ce terrain, une question qui va également provoquer une forte altercation entre les avocats de l’ancien président et le parquet général.
Après l’altercation, le parquet général a reposé la même question, à la quelle ould Bekrine a répondu par la négative.
A la question posée par le parquet relative à la durée entre l’appel téléphonique de l’ancien président et l’arrivée des personnes chargées d’effectuer l’opération, ould Bekrine a parlé d’un laps de temps court, ajoutant que ould Abdel Aziz ne l’a plus rappelé par la suite.
En réponse à a question posée par la défense de l’ancien président s’il avait des preuves qui confirment l’appel téléphonique en question, ould Bekrine a précisé que cet appel téléphonique a eu lieu en présence de deux directeurs centraux de la direction générale de la sureté nationale.
Répondant à la question des avocats de la défense sur la légalité des ordres qu’il a donnés au directeur de l’école de police, le général à la retraite a répondu qu’ils entrent dans le cadre des ordres reçus de l’ancien président de la république.
« Y a –t-il eu menaces ou tentations de la part du président» ont demandé les avocats de la défense au témoin ?
Celui-ci a répondu qu’il s’agissait d’une communication téléphonique ordinaire pour des ordres qu’il a exécutés et rien d’autre.
Les avocats de la défense ont ensuite demandé à ould Bekrine si cette coupe effectuée sur l’espace de l’école de police l’a impacté, ould Bekrine a répondu par l’affirmative.
« Lorsque j’ai visité l’école de police après l’opération, je me suis aperçu que l’institution était désormais exposée et sa sécurité menacée, par le voisinage de commerces et d’appartements privés ».
Il a ajouté que l’école n’a plus d’accès sur le côté sud, celui donnant sur l’avenue principale, avenue du président Moctar O. Daddah.
Ould Bekrine a encore ajouté que la proximité de bâtiments de différents étages aux côtés de l’école peut être exploitée pour porter préjudice à l’établissement, la collecte d’informations et probablement même l’utilisation d’armes.
Le général à la retraite Ahmed Ould Bekrine fait partie des chefs militaires qui ont fortement émergé au cours des deux dernières décennies en Mauritanie.
Il a participé aux deux coups d’État de 2005 et 2008, a occupé le poste de directeur général de la Sûreté nationale puis celui de chef d’état-major de la gendarmerie nationale.