La récente publication – suivie d’une suppression précipitée – d’un poème à la gloire du ministre des Affaires islamiques, Sidi Yahya Cheikhna Lemrabott, sur la page Facebook officielle de son ministère, a déclenché une vive polémique. Rédigé par un inspecteur du ministère, Hamoud Cheikh El Saïdi, et publié avec le sceau de la République, le texte a été largement critiqué pour son caractère déplacé.

Cet épisode met en lumière une dérive bien enracinée : l’instrumentalisation des canaux publics pour flatter les individus, au détriment de l’éthique administrative et de la neutralité des institutions.

El Hafedh, directeur d’un média privé, a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de « folie de l’applaudissement sans limite », pointant le chaos qui règne dans la communication gouvernementale, livrée à elle-même, sans cadre ni régulation. Il a également fustigé la publication du poème sur une page officielle, qu’il considère comme une « grave erreur », notamment parce qu’elle émane d’un ministère censé incarner des valeurs spirituelles et institutionnelles.

Ahmed Sidi, journaliste à Al Jazeera, appelle à une réforme de fond, plaidant pour la mise en place d’un organe unique de coordination de la communication publique, afin d’assurer clarté, cohérence et professionnalisme dans la parole de l’État.

Et c’est encore El Hafedh qui résume le fond du malaise avec le plus de lucidité :

« Transformer une plateforme publique en outil de promotion personnelle est une dérive grave. Cette culture de l’éloge mal placé est le véritable poison de notre classe politique et de notre élite : elle tue le sens critique, entretient la confusion entre loyauté et soumission, et fragilise profondément nos institutions. »

Derrière un simple poème, c’est une pratique banalisée qui est mise en cause : celle d’une élite trop souvent préoccupée par l’image des hommes au pouvoir, et trop peu par le service de l’intérêt général.

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