Aqlame – Avec deux grands projets de production d’hydrogène vert, la Mauritanie s’affiche aujourd’hui comme le pays le plus attractif du continent pour les investisseurs en quête de ressources énergétiques propres. Sur les décennies à venir, le pays devrait jouer un rôle de premier plan sur la carte mondiale de l’économie verte de l’hydrogène.

 » Le développement de l’énorme potentiel d’énergies renouvelables de la Mauritanie peut à la fois améliorer l’accès à une énergie abordable dans notre pays et permettre la conversion d’énergie propre en hydrogène vert « .

Le 22 juin dernier, le président de la République de Mauritanie, Mohammed Ould Cheikh El Ghazouani, annonçait ouvertement les ambitions de son pays en matière d’accélération de la lutte contre le réchauffement climatique dans la sous-région ouest-africaine, avec notamment le développement d’une industrie locale intégrée d’hydrogène vert.

Trois mois plus tard, un consortium composé de la compagnie britannique Chariot Limited et Total Eren annonce le lancement d’études de faisabilité afin de co-développer le projet Nour de production à grande échelle d’hydrogène vert en Mauritanie.

Au mois de mars dernier, c’est au tour d’un consortium dirigé par le groupe allemand Conjuncta qui annonce également son intention d’investir 32 milliards d’euros dans un projet d’hydrogène vert dans le pays. L’initiative a été lancée via la signature d’un accord avec la Mauritanie, le groupe énergétique émirati Abu Dhabi Future Energy Company (Masdar) et le fournisseur d’énergie égyptien Infinity.

 » La baisse des coûts de production combinée à ce potentiel énergétique sans égal fait de la Mauritanie une destination prisée des investisseurs pour les énergies renouvelables. Dans ce contexte, la Mauritanie adopte une position de pionnier dans le domaine des carburants du futur avec l’hydrogène vert « , explique Baudoin de Petiville, consultant en intelligence économique chez Sésame.

8 millions de tonnes d’hydrogène vert par an

Selon l’Agence des Nations unies pour les énergies renouvelables, le potentiel de production des énergies vertes de la Mauritanie s’élèverait à quelque 4 000 gigawatts, mais pas seulement. La Mauritanie, comme l’avance l’Agence de Promotion des Investissements,  » est l’un des pays les plus prédisposés à la production d’hydrogène vert, grâce à un potentiel important en énergie solaire estimé, selon les dernières statistiques disponibles, entre 2000 et 2300 kWh par mètre carré par an sur toute l’étendue du le territoire national ».

L’installation du projet sera située au nord-est de la capitale mauritanienne, Noualchott. Lorsqu’elle sera opérationnelle en 2028, cette méga-usine pourra produire chaque année 8 millions de tonnes d’hydrogène vert, mais aussi différents produits fabriqués à base d’hydrogène. Sa capacité maximale d’électrolyse s’élèvera à 10 GW.

 » Ce projet mauritanien sera étroitement lié à l’Allemagne, car ce pays européen sera aussi bien son client que son fournisseur de technologies « , explique Stefan Liebing, PDG de Conjuncta.

Toutefois, un projet aussi ambitieux devra trouver des issues à plusieurs défis, notamment le transport coûteux de l’hydrogène. La transformation locale de ce dernier permettra sur le moyen terme d’accélérer le développement des industries nationales et de générer des rentrées fiscales et en devises.

Pour Baudoin de Petiville, « le potentiel énergétique mixte de la Mauritanie n’a que peu d’équivalents à l’échelle mondiale. Avec éventuellement 457.9 GW d’énergie solaire, 47 GW d’énergie éolienne et la volonté de devenir un hub gazier, la Mauritanie apparaît comme un candidat crédible pour devenir le nouveau fleuron énergétique de l’Afrique de l’Ouest. La région s’affiche de plus en plus comme étant un acteur essentiel pour répondre à la demande énergétique mondiale ».

Mounir El Figuigui