Initiatives News – A son arrivée au pouvoir en Août 2019, le président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani avait hérité d’une confortable majorité parlementaire livrée sur un plateau d’argent par son prédécesseur.
Aujourd’hui, à une année de la fin de son mandat et à l’occasion des élections générales qui pointent à l’horizon, la question se pose si le président arrivera à obtenir une nouvelle majorité au Parlement et finir son mandat en beauté.
Si sur le papier cela semble évident, sur le terrain la situation n’est guère aussi confortable avec un parti au pouvoir fortement secoué par des guerres intestines et des candidatures qui n’ont jamais été aussi contestées.
Le parti INSAF est incontestablement la première force politique du pays. Il dispose de tous les moyens mais sa stratégie électorale a suscité beaucoup de contestation et fait beaucoup de mécontents.
Il aura donc fallu compter avec les candidatures parallèles et l’éventualité d’un vote-sanction qui plane telle une épée de Damoclès.
C’est conscient de tous ces dangers que les membres du gouvernement dans leur ensemble ont été mis à contribution pour jouer aux pompiers et contribuer à remonter les bretelles des staffs de campagne.
Mais cette immixtion des ministres qui ne s’est pas toujours faite dans les règles de l’art et qui a été vivement dénoncé par les responsables politiques de l’opposition, risque de produire le contraire de l’effet escompté.
Par ailleurs la tendance générale des barons du parti INSAF consistant au lynchage verbal systématique des compagnons d’hier au sein de la majorité présidentielle risque de gonfler le camp des mécontents.
Qualifiée par le président de l’Assemblée Nationale sortant de véritable supercherie, la majorité, les partis qui revendiquaient jusque-là ce statut ont subi un désaveu cinglant de la part des barons du parti au pouvoir. Ils ont été mis dos à dos avec l’opposition.
Et pourtant selon certaines sources les candidatures au niveau de certains de ces partis ont été directement parrainées par la présidence de la République et le ministère de l’intérieur.
C’est à croire qu’au niveau du camp du pouvoir les violons n’ont pas été accordés et tout le monde n’est pas sur la même longueur d’ondes.
Ce cafouillage risque de peser sur les résultats. Et de là à penser que les nombreux concurrents du parti au pouvoir profiteront de cette donne, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésitent pas déjà à franchir.
Mais toujours est-il que l’opposition traditionnelle longtemps absente de la scène politique risque de ne pas faire long feu face à la machine bien huilée du pouvoir. Reste que certaines rares forces politiques émergentes pourront donner du fil à retordre aux candidats du pouvoir et créer ça et là des surprises.
Quant aux partis de l’ex majorité, aujourd’hui malmenés, ils devraient engranger de précieuses victoires qu’ils pourraient monnayer le moment venu au prix fort auprès de leur allié naturel, le parti au pouvoir.
C’est dire que même si la tâche semble à première vue ardue, le président Ghazouani pourrait bien profiter de l’alchimie de la cuisine politique locale pour obtenir une majorité parlementaire, gage d’une fin de mandat sans trop de vagues.
Bakari Gueye