Ce lundi 24 juillet, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani a participé à Rome, au Sommet des Nations Unies sur les systèmes Alimentaires. Dans un discours, il a appelé à un engagement plus soutenu en faveur des pays vulnérables, en invitant à davantage de soutien et de mobilisation de ressources financières.

« La lutte contre la faim demeure tributaire d’un engagement plus soutenu en faveur des pays et régions les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire », a-t-il déclaré, à l’ouverture du sommet.

« J’exhorte donc la Communauté internationale à s’impliquer davantage dans le développement de la production agricole et agroalimentaire, à soutenir l’agriculture paysanne et l’économie rurale en vue de l’émergence de systèmes alimentaires adaptés et performants », a-t-il dit.

« C’est ainsi, que nous pourrons ensemble espérer éradiquer la faim à l’horizon 2030, conformément à notre agenda commun de 2030 », a encore déclaré le président Ghazouani.

S’adressant aux 2000 participants du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires +2 venus de 160 pays, le président mauritanien a rappelé que « malheureusement, en 2022 la faim a encore progressé dans le monde et particulièrement en Afrique, continent le plus touché, et où une personne sur cinq souffre de faim, ce qui représente le double de la moyenne mondiale ».

« Face à ce constat amer, l’urgence de bâtir des systèmes alimentaires nouveaux, mieux adaptés et plus performants, s’affirme aujourd’hui avec davantage d’acuité », a affirmé Ghazouani.

Le dirigeant mauritanien n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme sur l’insécurité alimentaire qui prévaut au Sahel.

Selon des estimations de l’ONU, des millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire au Sahel.

« La grave crise sécuritaire née de la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent qui sévit dans ce Continent, le fort taux d’endettement de ses pays, ainsi que l’insuffisance des ressources mobilisées au profit du renforcement de la résilience des populations et des systèmes alimentaires accentuent davantage la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire », a indiqué le président Ghazouani.

Dans son discours, il a rappelé que son pays a mis en œuvre des stratégies, centrées sur le développement de la production et de la productivité agricole, le reboisement, l’édification de barrages, l’amélioration des semences, la valorisation et la promotion de nos ressources animales et halieutiques.

Il a aussi rappelé que la Mauritanie a engagé un combat multi-aspectuel contre la pauvreté et l’exclusion et pour la promotion d’un développement économique durable fortement générateur de croissance inclusive et d’opportunités d’emploi.

« Conscients de l’impact du changement climatique sur les systèmes alimentaires, nous avons œuvré à porter la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique à 50% en 2030 et nous en sommes aujourd’hui à 34% », a-t-il martelé.

Avant d’ajouter : « Ces résultats seront complétés par le lancement d’un nouveau programme de développement de l’Hydrogène vert, en tant que source alternative et durable d’énergie propre. »

– «Scandaleux »-

S’exprimant également lors de l’ouverture, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné la nécessité de lutter contre la faim dans le monde, de promouvoir la coopération entre les entreprises et les gouvernements et d’atténuer les effets néfastes du changement climatique sur la production alimentaire.

M. Guterres a déclaré que dans un monde d’abondance, « il est scandaleux que des personnes continuent de souffrir et de mourir de la faim ».

« Les systèmes alimentaires mondiaux sont défaillants et des milliards de personnes en paient le prix », a affirmé le chef de l’ONU.

Selon les estimations de l’ONU, plus de 780 millions de personnes souffrent de la faim, près d’un tiers de la nourriture produite dans le monde est perdue ou gaspillée et près de trois milliards de personnes n’ont pas les moyens d’avoir une alimentation saine.

La fin récente de l’Initiative céréalière de la mer Noire par la Russie a encore aggravé la situation, a déclaré M. Guterres.

Cette initiative avait permis l’exportation de millions de tonnes de denrées alimentaires à partir des ports ukrainiens et, avec l’accord parallèle des Nations Unies avec la Russie sur l’exportation de denrées alimentaires et d’engrais, avait été vitale pour la sécurité alimentaire mondiale et la stabilité des prix.

« Avec la fin de l’Initiative de la mer Noire, ce sont les plus vulnérables qui paieront le prix le plus élevé », a-t-il ajouté, soulignant que la Russie et l’Ukraine sont toutes deux cruciales pour la sécurité alimentaire mondiale et exhortant Moscou à faire marche arrière.

Le chef de l’ONU a déclaré qu’il restait déterminé à permettre un accès sans entrave aux marchés mondiaux pour les denrées alimentaires et les engrais des deux pays, « et à assurer la sécurité alimentaire que chaque personne mérite ».

Cette rencontre, à Rome, est la deuxième du genre, deux ans après un sommet virtuel en septembre 2021.

Dans son discours d’introduction, la première ministre italienne Giorgia Meloni a souhaité que de Rome « un nouveau chemin vers la sécurité alimentaire s’ouvre ». « Vous pouvez compter sur l’engagement de l’Italie », a ajouté la Première ministre d’Italie.

Par Babacar BAYE NDIAYE, Rome
Pour Cridem