Le Calame – Les avocats de la défense de feu Souvi ould Cheïne s’élèvent vivement contre la décision du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du 13 Juillet dernier présidé par le président de la République de déplacer le juge d’instruction Ahmed Bezeïd ould Ahmed Naji en charge du dossier relatif au meurtre de l’activiste Souvi ould Cheïne, tué en Février 2023 dans les locaux du commissariat de Dar Naïm 2 à Nouakchott.
Fustigeant « une malencontreuse démarche incompréhensible », ils y voient d’autant plus l’objectif inavoué de dessaisir le juge dudit dossier que le CSM n’a procédé qu’à l’affectation de magistrats du Parquet de Nouakchott-Nord.
Par le biais de maître Moulaye Ély, les conseils de l’activiste dénoncent lors d’une conférence de presse « un acte contraire aux règles établies dans un État de Droit. […] Un juge assis ne peut être affecté qu’à demande ou en cas de fortes contraintes ». Sans l’ombre du moindre doute, les conseils de l’activiste affirment que « le juge d’instruction a été dessaisi sans son consentement et sans qu’un motif valable ne soit avancé, sinon celui de l’empêcher de conduire l’enquête jusqu’au bout ».
Et le pool des avocats de la défense de saluer le « professionnalisme et la probité morale » dont a fait preuve Ahmed Bezeïd ould Ahmed Naji depuis le début de ses investigations. « Les procédures étaient conduites en toute impartialité et transparence », attestent-ils. « Cette décision va d’autant plus fortement entraver les procédures en cours que le nouveau magistrat risque de prolonger l’enquête pour s’imprégner des du dossier ».
Maître Moulay ould Ély perçoit en ces péripéties une tentative d’entraver l’action de la justice, s’étonnant que ce soit « la plus haute instance judiciaire du pays, le Conseil supérieur de la magistrature sous la présidence de Mohamed Cheikh Ghazwani, qui ait pris une telle décision contraire aux principes en vigueur dans un État de Droit ».
Pour rappel, le club des magistrats avait lui-même condamné l’affectation sans fondement du procureur de la République de Nouakchott-Nord ainsi que de tous les magistrats de ce parquet.
Et les conseils de la défense de conclure leur conférence de presse en appelant le président de la République « à revenir sur cette décision et à laisser l’enquête suivre son cours normal, sans ingérence dans le travail du magistrat qui conduit cette affaire depuis son début »