Le Figaro – Le rétablissement des contrôles policiers aux frontières avec la Pologne, la République tchèque et la Suisse depuis le 16 octobre a permis de faire chuter de façon significative les entrées illégales, selon une enquête de Die Welt.
Le gouvernement allemand se félicite d’avoir rétabli des contrôles stationnaires de police à ses frontières avec la Suisse, la Pologne et la République tchèque – et il tient à le faire savoir. Cette décision avait été notifiée par la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, à la commission européenne le 16 octobre dernier.
Ces contrôles dérogatoires aux modalités de circulation habituelles dans l’espace Schengen étaient rétablis pour une durée initiale de dix jours, mais la directive a plusieurs fois été reconduite.
Dans un premier bilan tiré des statistiques policières, et dont l’édition dominicale du quotidien Die Welt, Welt am Sonntag, a eu connaissance, il ressort que le nombre d’entrées clandestines en provenance de ces trois pays a chuté de 18.492 par mois à 11.029 dans les 30 jours qui ont suivi le 16 octobre.
Soit une chute d’environ 40 % d’entrées clandestines en moins. Pour la seule frontière polonaise, le nombre d’entrées clandestines est passé de 6411 à 2795 par mois : une baisse de 56 %.
Le ministre de l’Intérieur de Saxe, Armin Schuster, a déclaré au Welt am Sonntag que les contrôles aux frontières «ont largement dépassé nos attentes». Celui-ci explique en effet que la police de Saxe a procédé à très peu d’interpellations à l’intérieur du Land, ce qui signifie que les contrôles fédéraux aux frontières sont efficaces. Il estime par ailleurs que «le succès de ces contrôles prouve en même temps l’inefficacité de Schengen».
L’édition du dimanche du quotidien allemand précise dans son enquête que la police a cité un autre facteur à l’origine de cette chute, à savoir les nouveaux contrôles frontaliers effectués par la Serbie à sa frontière avec la Hongrie. La fermeture de cette route migratoire a coupé un des principaux axes empruntés par des migrants souhaitant se rendre en Allemagne.
73 % de hausse des demandeurs d’asile
Le sujet est devenu très politique en Allemagne, où la page semble avoir été tournée avec la vision d’Angela Merkel, autrefois plutôt favorable à l’accueil des demandeurs d’asile. Le gouvernement d’Olaf Scholz semble en effet décidé à lutter fermement contre l’immigration clandestine.
Fin octobre, la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a présenté un projet de loi permettant notamment d’étendre le délai de la détention précédant l’expulsion, de 10 jours actuellement, à 28 jours. Afin de pouvoir clarifier l’identité des réfugiés, leurs domicile, téléphone ou ordinateur pourront désormais être fouillés.
Les passeurs et les migrants condamnés à une peine de prison d’au moins un an doivent pouvoir être expulsés directement. Les renvois vers le pays d’origine auront désormais lieu sans avertissement, sauf pour les familles avec des enfants de moins de 12 ans. Les violations des interdictions d’entrée et de séjour deviennent un motif d’expulsion.
Près de 234.000 personnes ont demandé l’asile en Allemagne pour la première fois entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 73% par rapport à la même période de l’année dernière.
De nombreuses communes allemandes affirment avoir atteint leurs limites en termes de ressources pour l’hébergement, les soins et l’intégration des réfugiés, d’autant plus que le pays accueille actuellement plus d’un million de réfugiés ukrainiens depuis l’invasion russe en février 2022.
Par Paul Sugy